J’ai commencé à enseigner l’astronomie aux enfants en visitant différentes écoles pour démystifier les idées reçues sur l’Espace. L’astronomie est une science d’observation et quoi que vous fassiez, vous ne pourrez pas amener les étoiles et la lune dans votre classe ; J’ai donc utilisé l’art, et développé des activités pratiques avec l’aide d’organisations internationales pour enseigner l’astronomie. 

J’ai rencontré beaucoup d’obstacles – et j’en ai surmonté beaucoup, mais au début de ma carrière d’enseignante dans le domaine spatial, le plus gros obstacle était d’être une fille, et le suivant était d’être étudiante en médecine et d’enseigner une science négligée, l’astronomie, qui n’est même pas considérée comme une vraie science dans notre pays. L’astronomie est assimilée à un passe-temps pour les élites, une science qui n’apporte pas de nourriture sur la table. Le manque d’équipements scientifiques tels que des télescopes a aussi été un autre obstacle majeur, car le Pakistan n’a pas d’entreprise qui les fabrique.

Mais être une fille était le principal obstacle: je ne pouvais pas aller aux rares soirées d’observation des étoiles et ni même organiser moi-même ces événements aussi souvent que je le souhaitais. Travailler dans un domaine où vous n’avez pratiquement pas de femmes autour de vous a été difficile, mais une fois que vous le savez, vous travaillez dur et vous en faites une force afin que celle qui arrive après vous après n’ait pas à mener ce combat.

Ma principale motivation est de combattre les inégalités socio-économiques que je vois autour de moi.

Je concentre donc mon action sur les écoles défavorisées et les écoles publiques, car l’observation avec un télescope peut vraiment être une expérience qui change la vie d’un enfant.

Concernant l’inégalité entre les sexes, je pense qu’il existe un stéréotype de genre selon lequel les femmes ne peuvent pas, ou ne doivent pas, travailler dans de tel ou tel domaine. J’ai entendu beaucoup de commentaires selon lesquels les femmes ne doivent pas travailler, et qu’elles doivent se marier. Il s’agit d’une inégalité entre les sexes enracinée dans nos esprits depuis la nuit des temps. Les femmes engagées dans les STEM s’efforcent aujourd’hui de changer ce stéréotype, et je veux  participer moi aussi à ce changement de récit.

Nous pouvons améliorer la situation et créer plus d’égalité entre les sexes grâce à l’Espace en accordant plus de reconnaissance aux femmes qui travaillent dans ce domaine. Nous pouvons créer des postes et offrir des bourses aux femmes qui rejoignent le secteur spatial et travaillent dans ce domaine.

Ma principale réalisation a été de créer et de diriger cette association comme une véritable petite armée à moi toute seule depuis maintenant pendant 4 ans. J’ai reçu des prix et des récompenses: mon premier trophée a été de remporter un télescope dans un concours international signé par mon astronaute préféré, Scott Kelly de la NASA , puis d’autres, d’astronautes de l’ESA.

Au fur et à mesure que je gagnais de plus en plus de télescopes, de météorites et tous ces prix, je devenais aussi de plus en plus connue au Pakistan et à l’international. Mais je crois que ma plus grande réussite, c’est quand même de voir l’impact de mon travail sur les enfants.

Comme je vous le disais au début,  petite, j’avais deux rêves, l’un était de recréer des dinosaures mais je ne pense pas que je vais opter pour celui-là, et l’autre était de devenir astronaute. Je ne sais pas si je deviendrai un jour astronaute. Plus que cet aboutissement,  c’est le chemin pour y arriver qui est le plus important pour moi. Oui, je me vois parfois assise à bord d’une fusée. Je me vois naviguer parmi les étoiles, ou découvrir l’univers inconnu. Je ne sais pas ce qui m’attend mais je vais m’atteler quoi qu’il arrive à créer cette école pour que les enfants pakistanais puissent tout apprendre sur l’Espace et l’astronomie.