Les données spatiales sont vitales pour nos équipes de sauvetage et pour la reconstruction des zones dévastées
Yolène Surena, Directrice-adjointe, Civil Protection Office Haiti
Après le passage d’un ouragan, les données spatiales sont vitales pour envoyer nos équipes de sauvetage là où il y en a besoin. Ces ressources sont mises à disposition gratuitement grâce au partenariat de 17 agences spatiales et organisations internationales, dans le cadre de la Charte internationale Espace et Catastrophes Majeures. Après le désastre, l’observatoire de la reconstruction (Recovery Observatory) est activé avec le soutien du CNES et fournit des images satellites pour aider à la réhabilitation ainsi qu’au suivi des activités de développement : environnement, agriculture, évolution de l’habitat….
Interview
Je suis spécialiste en santé publique et en gestion des risques et des désastres. J’ai fait une longue carrière dans le domaine de la santé et à la Croix Rouge. Il m’a été demandé, il y a environ 20 ans, de créer une structure de protection civile pour Haïti.
Yolène Surena a été subitement emportée par la Covid le 28 Mai 2021. Cette grande dame restera dans les esprits et les coeurs pour son engagement, son énergie, son optimisme et son humanité.
Les données spatiales sont vraiment importantes lorsqu’une catastrophe survient. Il y a des parties de ce pays, Haïti, que l’on ne peut pas atteindre en cas de désastre (…). Je prends l’exemple de ce qui est arrivé en 2008 aux Gonaïves, lorsque 80 à 90% de la ville était sous les eaux; Nous ne pouvions pas aller au coeur de la ville pour aller chercher les gens. Lorsque nous avons reçu les données spatiales, nous avons pu voir où il y avait des mouvements de population et où envoyer nos équipes de recherche et de sauvetage. De même lorsque l’on a du évaluer les dégâts sur l’économie dans la zone de l’Artibonite, il y avait des endroits qui étaient inaccessibles. Les données et les images spatiales qui nous arrivaient, nous permettaient de voir, par exemple, que, dans une rizière on pouvait encore récolter du riz et nous pouvions utiliser ces données pour répondre aux besoins des populations.
Lors du Cyclone Mathieu en octobre 2016, la zone du pic de Macaya était complètement inaccessible et pendant longtemps nous ne pouvions pas avoir accès directement aux populations de cette zone. Mais, avec les données spatiales qui nous arrivaient en post-désastre, nous pouvions savoir où nous avions des agglomérations qui étaient isolées et où il fallait envoyer des secours pour ces populations.
Plus tard, en décembre 2016, nous avons activé ce que l’on appelle le Recovery Observatory (RO) qui est co-présidé par le CNIGS (Centre national de l’information Géo-spatiale d’Haïti) et le CNES. Nous avons utilisé les données spatiales pour suivre les activités de réhabilitation et de reconstruction en post désastre. Il y a, par exemple, aujourd’hui encore des endroits dans le Macaya que l’on ne peut toujours pas atteindre, parce qu’ils sont très isolés. Mais grâce aux données spatiales, nous pouvons voir où la végétation a repris et où les forêts se régénèrent. Il y a aussi des endroits où les habitants continuent pour vivre d’endommager l’environnement dans cette zone de biodiversité protégée. Les données spatiales sont donc importantes non seulement en post désastre immédiat, mais aussi pour suivre les activités de développement, suivre les activités de l’agriculture, l’évolution de l’habitat, là où les gens se sont réinstallés et mettre en oeuvre la reconstruction.
Pour moi en tant qu’utilisateur en bout de ligne, je dépends des organismes comme le CNES, qui ont des satellites comme Pléiades, qui nous envoient des informations et ces informations nous pouvons les demander pour pouvoir prendre des décisions, les passer à nos décideurs, nos ministres, pour pouvoir faire des plaidoyers, pour pouvoir mobiliser les ressources. Par exemple si l’on veut aujourd’hui avoir des fonds de la Banque Mondiale, de la BID, de l’Union Européenne, ou de quelque soit le bailleur, on est capable de leur montrer, voici la situation qui existe et voici ce vers quoi on veut aller. Et donc c’est très important pour nous.
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Des partenariats inclusifs construits sur des principes et des valeurs, une vision commune et des objectifs communs sont nécessaires.
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